Mis à jour le 8 juillet 2024 par MeriemDraman
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Épreuve emblématique de la réforme du bac 2021, le Grand oral va bientôt démarrer.
Il se déroule du 19 au 30 juin et clôture pour ainsi dire la scolarité secondaire de nos chers lycéens.
Présent aussi bien en enseignement général qu’en enseignement technologique, cet oral porte sur 2 questions choisies et étudiées au cours de l’année par l’élève à partir de ses 2 enseignements de spécialités (pour rappel 3 spécialités choisies en classe de première parmi lesquelles seulement 2 sont conservées en classe de terminale).
Donc, chaque candidat prépare 1 question par spécialité conservée sachant cependant que, si besoin, ces questions peuvent être transversales c’est-à-dire porter sur les 2 spécialités en même temps.
Le jury choisit, au moment du passage du candidat, la question sur laquelle il va être interrogé.
Je vous propose de découvrir le témoignage de Danielle, enseignante de mathématiques en région parisienne qui a fait passer l’an dernier 52 candidats au Grand oral de mathématiques.
Elle a accepté de se prêter une fois de plus au jeu des questions-réponses sur mon site. Merci à elle !
Ma première question est toute simple. Ça se passe comment un Grand oral « sur le terrain » ?
Eh bien Meriem, l’organisation de ce grand oral est parfaitement huilée.
Les candidats sont convoqués 3 par 3 par quart de journée (8h30-10h30, 10h30-12h30, 13h30-15h30, 15h30-17h30). Comme dans tout examen, ils doivent se présenter 40 mn en avance.
Les professeurs des différents jurys arrivent vers 8h et après un petit déjeuner fortifiant et énergisant (belle consommation de café) très gentiment offert par l’établissement hôte, mais aussi, convivial, puisque c’est l’occasion de rencontrer les collègues d’autres établissements , ils se rendent vers la salle qui leur est affectée pour la durée de leur mission (je pense que celle de jury de grand oral de mathématiques est la mission la plus longue puisque c’est la spécialité la plus importante en nombre d’élèves qui la suivent).
A partir de là, les choses s’enchainent de manière régulière.
Comme pour tout oral, un candidat est appelé dans la salle. Il prépare son passage sur un brouillon fourni par le jury pendant 20 minutes (aucun matériel, autre que celui présent dans une trousse n’est accepté) puis le temps écoulé, vient se présenter face au jury pendant qu’un autre candidat prend sa place pour la préparation et ainsi de suite.….
À noter : j’ai écrit un article qui détaille précisément le déroulement du grand Oral ainsi que des exemples de questions pouvant être traitées.
Pour le lire, cliquez ici.
Oui en effet, techniquement cela ressemble à un oral d’examen classique. Mais cette fois-ci contrairement à un oral de français ou bien un oral de contrôle dans une matière, il n’y a pas 1 mais 2 professeurs devant le candidat. Pouvez-vous expliquer comment cela fonctionne, Danielle ?
En effet Meriem, la composition de ce jury est inédite.
C’est en cela une des nouveautés de cette réforme.
Deux professeurs qui ne se connaissent pas vont devoir agir en équipe pendant toute la durée de la mission.
C’est très innovant.
L’un des membres de ce duo enseigne dans la spécialité présentée sur au moins une des deux questions du candidat tandis que l’autre « duettiste » ne maitrise aucune des spécialités présentées. Il joue le rôle de « candide » (dans mon cas il était professeur de lettres).
Est-ce que votre jury a bien fonctionné Danielle ?
Dans mon cas Meriem, oui, très bien.
Nous avons vite trouvé un « rituel de fonctionnement ». Je vous l’expliquerai un peu plus loin. J’irai même jusqu’à penser que c’est essentiel. Nos point de vue « différents » viennent « enrichir » le jury et fournir une valeur ajoutée à notre entretien avec le candidat.
Vous vous rendez compte : une équipe de deux professeurs qui ne sont pas du même établissement, pas de la même matière, voire même pas du même âge ni de la même entité (publique, privé) travaillent en symbiose en quelques minutes à peine.
Revenons à notre candidat que nous avons laissé seul face au jury après ses 20 minutes de préparation. Que va-t-il advenir ? Il doit être dans ses « petits souliers », seul, debout, face à vous, non ?
En effet, je reconnais que cela n’est pas une situation facile.
C’est pour cela que je recommande, à tous ceux qui subiront cette épreuve l’an prochain, de bien se préparer. Connaitre parfaitement son sujet est le meilleur gage de réussite et le meilleur antidote au stress.
Et puis n’oublions pas la bienveillance du jury qui saura « mettre à l’aise » un candidat un peu trop crispé.
Bon nous y sommes Danielle. Le candidat se lance. Que se passe-t-il alors ?
Oui effectivement, nous y sommes. Chaque « grand oral » se déroule selon le même rituel en 3 temps :
- Un premier temps de 5 minutes durant lequel le candidat expose face au jury sans être interrompu.
- Un deuxième temps de 10 minutes durant lequel le jury échange avec le candidat sur son exposé.
- Enfin un troisième et dernier temps de 5 minutes durant lequel le jury échange sur le parcours scolaire du candidat, ses choix de spécialités, ses vœux Parcoursup et la vision de son orientation postbac.
Peut-on approfondir le premier point par exemple ? 5 minutes, c’est peu et long à la fois. Que se passe-t-il si l’exposé dépasse ou bien s’il est trop court ?
Là encore, Meriem, la bienveillance, toujours la bienveillance.
N’oublions pas que l’exposé a été récité sans note, quasiment par cœur. Alors bien sûr, qui ferait pile 5 minutes ?
En deçà ou au-delà du temps imparti nous en ferons la simple remarque au candidat. Seules les prestations vraiment trop courtes (2mn30 par exemple) ou trop longues (7mn) seront pénalisantes pour la note.
Pour ma part sur les 52 candidats auditionnés je n’ai constaté que très peu de problème. Ils s’étaient bien entrainés.
C’est un des objectifs de cet exercice et je peux dire que les candidats de notre jury se sont presque tous parfaitement tirés de cette première épreuve.
Donc vient ensuite l’entretien de 10 mn avec le candidat. C’est bien cela Danielle ?
Tout à fait Meriem, il s’agit d’approfondir quelque peu certains points de l’exposé.
C’est là que se met en place « notre stratégie ».
En tant que professeur de la spécialité présentée, je prends généralement la parole en premier pour vérifier si le candidat a la « maîtrise » des propos tenus.
Est-il capable d’expliquer certaines méthodes, de donner certains points de cours, de présenter quelques approfondissements.
Ceci me conforte ainsi dans l’idée que le candidat s’est bien « approprié » son oral.
Puis je passe la parole à mon collègue « candide » pour des questions plus générales sur l’exposé, parfois plus personnelles (pourquoi avez-vous choisi cette question ?, quel intérêt présente à vos yeux tel aspect de votre sujet ?).
Autant d’interrogations qui permettent au candidat de prendre du recul et de nous donner ses impressions personnelles sur le thème qu’il a choisi.
Les 10 minutes allouées sont largement suffisantes pour que nous ayons, chacun à l’écoute de l’autre, une bonne idée de la préparation et de la « sincérité » de l’oral présenté.
Enfin le troisième temps. Celui de la décontraction peut être, un certain « lâcher prise ». Comment l’avez-vous ressenti Danielle ?
Oui, je l’ai bien ressenti comme cela.
Un moment où le candidat peut nous parler sans crainte, parfois en souriant, presque heureux de nous raconter son parcours.
Deux adultes qui s’intéressent à eux et à eux seuls pendant 5 minutes ! Royal !
Nous échangeons avec bienveillance sur l’avenir de ce jeune qui nous raconte ses choix, ses abandons mais surtout ses espoirs futurs et souvent les yeux brillent.
Alors nous les écoutons attentivement, les conseillons parfois, les encourageons souvent.
Y a t’il eu des moments d’émotion Danielle pendant ce dernier temps ?
Oui, en effet c est arrivé.
Certains candidats, relâchés de la pression liée à leur exposé, nous ont parlé avec beaucoup de sincérité de leurs projets à venir et des lendemains qu’ils attendent avec beaucoup d’espoir.
Alors finalement Danielle, est-ce une bonne expérience ?
Ah Meriem, même si, être jury prend beaucoup de temps, oui ce fut une belle expérience humaine.
Belle rencontre avec mon binôme et belles rencontres avec des jeunes très prometteurs.
Il faut dire que nos candidats ont très bien « joué le jeu » et qu’ils ont fourni pour la plupart, une prestation remarquable.
Formidable tout cela. Mais, je ne voudrais pas « gâcher » la fête, Danielle. N’y a-t-il pas de points faibles. Pensez vous que cette épreuve soit pérenne ?
Difficile à dire, en effet Meriem.
Quand la surprise des sujets sera émoussée, quand les candidats seront trop informés sur les passages de leurs aînés, ce grand oral restera t’il pertinent ?
Personnellement je doute quelque peu de la longévité de cette épreuve mais j’espère me tromper ou bien, une réforme viendra en changer les règles ….mais ça, c’est une autre histoire !
Merci encore Danielle pour ce témoignage sur le grand Oral.
Et j’en profite pour rappeler que la première interview de Danielle en février 2022 qui nous donnait sa vision du niveau de mathématiques d’hier à aujourd’hui ainsi que sa présentation et son parcours professionnel est disponible en cliquant ici.